Le 6 mai 2019, la conseillère Évelyne Beaudin proposait au conseil municipal de s’engager à adopter un nombre égal de toponymes féminins et masculins après quatre ans de mandat. Une proposition qui alimente les débats et qui échauffe les esprits à voir les réactions sur les réseaux sociaux. « Encore la toponymie? » « On peut-tu régler les vrais problèmes? » « N’y a-t-il pas des enjeux plus importants à débattre!? » pouvait-on lire dans les commentaires de certains internautes. Eh ben oui. Soyez assurés que nous estimons, tout comme vous, que certains enjeux mériteraient plus d’attention. Malheureusement, nous devons encore débattre de toponymie. Parce qu’encore aujourd’hui, davantage de noms d’hommes que de noms de femmes sont suggérés au conseil municipal.

En se félicitant de gouverner la meilleure ville au Québec pour les femmes en avril dernier, la Ville de Sherbrooke laisse paraître que la condition féminine est enjeu important. Ironiquement, elle est incapable d’accorder 50 % de ses toponymes à des femmes. Plus encore, alors que la FQM, l’UMQ et de nombreuses MRC au Québec se dotent de politiques d’égalité, honorer la mémoire de femmes importantes semble être une mission impossible. Pour nous, ces constats font preuve d’une dissonance cognitive déconcertante : les bonnes volontés n’arrivent pas à se cristalliser.

Ce n’est pourtant pas d’hier que l’on discute de la sous-représentation des femmes dans la toponymie sherbrookoise. Alors qu’encore aujourd’hui, ce sont 12 % des noms de rues honorant une personne qui portent le nom d’une femme, cela fait 17 ans que cette problématique est soulevée au conseil municipal. Les PÉPINES ont abordé ce dossier en 2002, en 2003, puis le 8 mars 2016, où elles ont déposé une liste de 58 noms féminins qui mériteraient d’être honorés. Récemment, nous proposions le toponyme de Mali Agat pour honorer le nouveau pont signature, une proposition qui a été accueillie par les éluEs.

Malgré toutes ces revendications, la tendance se maintient. Ce sont 24 toponymes masculins et trois toponymes féminins qui ont été nommés depuis le présent mandat, un constat qui démontre que le retard ne peut se rattraper sans engagement clair. Les PÉPINES appuient la proposition de la conseillère Beaudin qui sera débattue ce soir et espèrent que cette fois-ci, le conseil municipal s’engagera officiellement à instaurer une toponymie paritaire à Sherbrooke. Puisque nous partageons votre avis : il y a des enjeux plus importants à débattre.

Stéphanie Forcier
Présidente des PÉPINES