Sherbrooke, le 15 avril 2019 – La population sherbrookoise est invitée à se présenter à la séance du Conseil municipal de la Ville ce soir dès 19 h 00 pour assister solidairement au dépôt d’une pétition en faveur de l’attribution du nom d’une femme abénakise au futur pont des Grandes-Fourches.

Suzie Obomsawin, représentante du Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, fera l’honneur de proposer le nom de Mali Agat, une guérisseuse abénakise, en plus de déposer une pétition qui a récolté plus de 400 signatures, via les réseaux sociaux.

Un appel à la mobilisation pour une toponymie paritaire et inclusive

​Considérant qu’une infime part des toponymes formés d’après des noms de personnes honore la mémoire de femmes au sein de la Ville de Sherbrooke, les organismes Promotion des Estriennes pour initier une nouvelle équité sociale (PÉPINES) et ConcertAction Femmes Estrie (CAFE) ont lancé une pétition s’adressant au Conseil municipal de la ville, afin que le futur pont des Grandes-Fourches soit nommé en l’honneur d’une femme abénakise. Dans une perspective d’obtenir un jour la parité toponymique, il s’agit également d’une démarche inclusive puisque Sherbrooke est situé sur le territoire ancestral de la Première nation W8banaki. En ce sens, le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki a été approché pour une proposition et le nom de Mali Agat sera soumis d’un commun accord au Conseil municipal de Sherbrooke.

Les femmes : grandes oubliées des toponymes

​Ce n’est pas d’hier que les deux organisations féministes revendiquent une toponymie paritaire, en adoptant davantage de toponymes féminins, ou faisant référence à des événements historiques pour les droits des femmes. C’est d’ailleurs un enjeu soulevé à plusieurs reprises par PÉPINES au cours des dernières années. Seulement deux ponts portent des noms de femmes sur les 127 ponts répertoriés en Estrie par la Commission de toponymie du Québec. Il s’agit du pont Joséphine-Bean, à East Hereford, et du pont Agnès, à Lac-Mégantic. Au Québec, moins de 1% des ponts sont nommés d’après le nom d’une femme (18 ponts sur un total de 1982). C’est trop peu! Et si Sherbrooke donnait l’exemple en accélérant le virage vers une réelle toponymie paritaire? L’Histoire a invisibilisé les femmes et leurs contributions. Il n’en tient qu’à nous de rectifier le tir dans l’espace public!

À propos des Pépines 

Promotion des Estriennes pour initier une nouvelle équité sociale (PÉPINES) est un organisme sans but lucratif mis en place en 1992 et incorporé en 1995 qui a pour mission de promouvoir la participation et l’engagement des femmes au développement socio-économique de notre région et de mettre en place les moyens pour permettre l’accès des femmes aux sphères de décision de tous niveaux. Pour ce faire, PÉPINES met en place plusieurs projets en ce sens et offre des formations ainsi que des activités de réseautage.  www.pepines.com

À propos de ConcertAction Femmes Estrie (CAFE)

ConcertAction femmes Estrie est un réseau féministe régional, créé pour répondre à des besoins de liaison, de concertation et de solidarité. Avec ses 37 groupes membres, CAFE intervient dans une pluralité de domaines tels la santé, l’éducation, la lutte contre la pauvreté et la violence, le développement social et l’accès aux instances décisionnelles.
www.concertactionfemmesestrie.org

À propos de Mali Agat

Mali Agat (se dit Malé Agat en langue abénakise) – ou mieux connu sous le nom de Molly Ockett (1740-1816) est née aux environs des années 1740 dans la vallée de la rivière Saco. Cette dernière coule dans le nord-est du New Hampshire et le sud-ouest du Maine. Elle était une guérisseuse de la Nation Abénakise rattachée au groupe des Pequawket. Elle maîtrisait les connaissances liées à la médecine traditionnelle abénakise et était une guérisseuse connue et respectée autant par les Autochtones que par les colons. Elle était aussi très douée en artisanat, notamment pour la fabrication de panier d’écorce. Durant la jeunesse de Mali Agat, sa famille a eu à se déplacer à plusieurs reprises afin d’éviter les conflits entre les colons français et anglais, pour finalement s’établir à Odanak. Le 4 octobre 1759, lors de l’attaque du major Robert Rogers et ses rangers contre Odanak, Mali Agat y a perdu ses parents. C’est alors qu’elle a fui la communauté et s’est installée dans le coin de la rivière Missisquoi aux côtés d’autres Abénakis. Elle a continué de parcourir la Nouvelle-Angleterre ainsi que le sud du Québec afin d’y soigner les personnes qu’elle croisait sur son passage jusqu’à son décès en 1816.

Sources

Solange Masson, directrice générale, Promotion des Estriennes pour initier une nouvelle équité sociale (PÉPINES), 819.943.8223, pepines.estrie@gmail.com.

Marie-Danielle Larocque, agente à la vie associative, ConcertAction Femmes Estrie (CAFE), 819-563-1987, info@concertactionfemmesestrie.org.